Origine et histoire de la Basilique Notre-Dame-de-la-Daurade
La basilique Notre-Dame de la Daurade, aussi appelée Sainte-Marie de la Daurade, est une église toulousaine inscrite au titre des monuments historiques et située le long des quais de la Garonne, près de la place et du port de la Daurade, jouxtant l'École des Beaux-Arts. Le site conserve des vestiges archéologiques remontant aux premiers siècles de notre ère : un édifice romain dodécagonal, peut‑être dédié à Apollon, puis christianisé vers le Ve siècle et transformé en sanctuaire marial. L'église doit son nom latin Deaurata à des mosaïques sur fond d'or qui décoraient la rotonde paléochrétienne; ces décors, décrits au XVIIe siècle, ont été détruits en 1761. Dès l'époque carolingienne un monastère bénédictin est attesté et confirmé par un diplôme de Charles le Chauve ; en 1077 le monastère devient prieuré clunisien rattaché à l'abbaye de Moissac. Entre le XIe siècle et la fin du XIIe siècle, l'ensemble est transformé : on conserve alors trois côtés du temple antique et on ajoute une nef romane d'axe est‑ouest, une abside aménagée dans la rotonde et un cloître sur le côté sud ; la présence d'un hôpital en 1125 témoigne d'un pèlerinage à la Vierge. Au XVIIe siècle la congrégation de Saint‑Maur s'installe et reconstruit les bâtiments conventuels. À la fin du XVIIIe siècle la coupole posée sur l'ancienne rotonde fragilise les murs et l'église romane est démolie en 1761 ; un projet de reconstruction est lancé en 1764 sur des plans de Franque, interrompu puis repris par Philippe Hardy en 1772–1773, avec une nouvelle reprise sous l'Empire. L'édifice actuel, reconstruit à cheval sur le XVIIIe et le XIXe siècle, adopte un plan en croix latine avec un chœur profond et des croisillons de transept semi‑circulaires ; la croisée est couverte d'une voûte d'arêtes prenant la forme d'une coupole tandis que le chœur forme une demi‑coupole. En élévation, l'architecture repose sur des arcatures séparées par de lourds piliers carrés soulignés de pilastres d'ordre corinthien. L'édifice a été consacré le 11 novembre 1838 par l'archevêque de Toulouse Paul d'Astros; la colonnade et le fronton de la façade furent ajoutés en 1884 et l'intérieur reçoit des décors peints de Bernard Bénézet. La basilique renferme une Vierge noire dont la dévotion remonte au Xe siècle : l'original fut volé au XIVe siècle, la statue médiévale brûlée à la Révolution en 1799, remplacée en 1807 et la statue actuelle, haute d'environ deux mètres, voit ses couronnes classées, tandis que certains décors en céramique sont de Gaston Virebent. L'édifice abrite également un orgue de tribune classé, un orgue de chœur et divers objets liturgiques et mobilier répertoriés, notamment deux anges en bois doré attribués au sculpteur Jean‑Louis Ajon. Après la vente du couvent comme bien national en 1798 et la démolition du cloître en 1811, les bâtiments conventuels ont successivement accueilli des manufactures puis l'École des Beaux‑Arts. Le prieuré exerçait autrefois des droits sur les moulins du Bazacle et de la Daurade, actifs au XIIIe siècle mais ruinés après l'élévation de la chaussée du Bazacle. Une restauration globale dirigée par l'architecte du patrimoine Axel Letellier s'est déroulée pendant 26 mois (automne 2017‑décembre 2019) pour un montant de 5,7 millions d'euros ; l'inauguration a eu lieu le 8 décembre 2019 en présence de l'archevêque Robert Le Gall. Le clocheton, consolidé lors de cette intervention, a retrouvé ses sonneries : la restauration de 2018 a donné lieu à la fonte publique de trois nouvelles cloches par la fonderie Paccard d'Annecy, baptisées en avril 2019 sous les noms « Maria Dauratæ », « Peire Garona » et « Benoît ». La basilique reste ouverte au public en dehors des offices et conserve des pratiques liturgiques et culturelles anciennes, telles que la bénédiction annuelle des trophées de l'Académie des Jeux floraux le 3 mai, et de nombreux éléments intérieurs (tableaux, chemin de croix, chapelles, baptistère) sont inventoriés dans la base Palissy.